Le poêle simplifié
Il a été très apprécié par les Guinéens. Il m'a même impressionné par sa performance : l'huile est en train de bouillir 9 mn après la pose de la casserole. En régime de croisière, il dégage peu de fumée. Et il est très économe en bois. L'entrée de la cuve a paru sous-dimensionnée aux femmes qui l'ont utilisé, mais elle ne doit pas être trop élargie pour ne pas encourager l'introduction de morceaux de bois trop gros.
Au plan initial proposé par Gérard Bonin, nous avons apporté quelques modifications :
- Les tôles trouvées sur place ont des dimensions de 2 x 1,1 m. Nous avons fait passer la hauteur de la cuve de 17 à 18 cm sans changer le nombre de poêles pouvant être fabriqués dans cette surface. Ce relèvement facilite l'introduction de bois, surtout quand l'entrée est déjà encombrée par de la cendre.
- L'artisan a utilisé une tôle de même surface pour débiter 22 jupes de 110 x 9 cm. Les jupes que nous avions apportées avec nous (120 x 16 cm et 80 x 12 cm) se sont révélées trop hautes pour attraper facilement les poignées de la casserole. Nous avons pu les entailler pour pouvoir manipuler les marmites. Celle de 80 cm de long était trop petite pour la plupart des casseroles. Les dimensions 110 x 9 cm pourraient représenter un format passe-partout, sachant qu'il n'y a pas de format standard de casseroles en Guinée. Les 9 cm de haut pourraient même être réduits à 8 cm pour pouvoir s'adapter à un maximum de casseroles.
- Les épingles ont été confectionnées dans la chute de la tôle utilisée pour les cuves.
- La tôle était moins épaisse que ce que nous souhaitions pour la cuve centrale. Mais elle a permis de réaliser les poêles à un prix optimisé de 14 600 FG main d'œuvre comprise, soit 2.60 Euros, ce qui représente un montant pouvant être mobilisé par la population sans aide extérieure.
- Pour le fond de la cuve, nous avons utilisé les cotés de vielles boites de conserve que nous avons découpées avec des pierres.
- Nous avons consolidé l'assemblage en posant de grosses pierres autour des briques pour créer une résistance mécanique aux chocs : trébuchement, enfants qui cogneraient dans le foyer…
- Pour limiter le tirage, les femmes ont spontanément utilisé un couvercle de casserole pour boucher une partie de l'entrée du poêle.
- Le premier jour nous avons fait un essai en isolant avec de la terre argileuse qui venait toucher la cuve centrale. Pour les essais suivants, nous avons toujours trouvé des briques de terre séchée de 25 x 15 x 10 cm environ dans les alentours immédiats de nos lieux d'intervention. Nous les avons installées avec un vide d'air d'un centimètre entre la cuve et les briques et nous avons eu l'impression d'obtenir de meilleurs résultats que le premier jour.
- Nous n'avons pas trouvé de grillage pour faciliter l'appel d'air. Dans l'ensemble, les résultats étaient cependant probants.
- Se pose le problème du risque de vol si la cuve reste à l'extérieur. En pratique, la cuve devrait être rentrée dans la maison après utilisation. Les cultivateurs passent l'essentiel de la journée dans les champs. A Koliady, les villageois travaillaient dans le bas-fond qui se trouve à 300 m en contrebas. Pour certaines cultures, ils interviennent toutes les 2 heures pour arroser. Ils font donc la cuisine près de leur champ. Ils pourraient aussi utiliser le poêle sur ce lieu de travail en apportant la cuve avec eux sur le trajet domicile - lieu de travail.