La cuisson solaire en Guinée

La cuisson solaire en Guinée

L’énergie solaire, un atout pour l’Afrique

A Kindia, l’introduction et la diffusion des méthodes de cuisson solaire ont démarré en collaboration avec l’APEK agriculture (Association pour la Promotion Economique de Kindia). En février 2004, un cuiseur solaire en bois a été apporté en kit et un autre a été fabriqué sur place. Des démonstrations et formation ont été menées auprès de groupes de femmes appartenant à des coopératives agricoles.

L’action a été renouvelée l’année suivante, mais si l’intérêt manifesté par la population a été manifeste, les applications sur le terrain ne se sont pas développées, en raison de l’obstacle du coût : la fabrication du cuiseur revient à environ 50 euros, soit le salaire mensuel d’un professeur.

La cuisson solaire en Guinée

Nous avons donc décidé de proposer au cours de notre voyage en 2006, des fours en carton, rudimentaires mais nettement plus abordables. Un premier four a été fabriqué de façon très simple : la boite intérieure était constituée d’un carton d’emballage d’environ 60 x 50 x 40 cm ; elle a été tapissée de papier d’aluminium ainsi que ses rabats, et placée dans un carton un peu plus grand, ce qui laissait un espace isolant qui a été comblé par des herbes sèches. Une vitre simple de 3 mm d’épaisseur était posée sur la boîte intérieure. Ce four a été montré et essayé à Kindia. Pour faciliter son acceptation et le rendre plus attrayant, les enfants du village ont été mis à contribution et en ont fait un objet très décoratif !

Le thermomètre placé dans le four a atteint 90°, mais pendant un temps insuffisant pour que le riz soit cuit. Un deuxième four a été amélioré à partir de ce premier essai. Le carton intérieur a été découpé, de façon à permettre la pose inclinée de la vitre, comme dans le cuiseur boîte. On lui a également rajouté des panneaux de carton pour augmenter la surface des réflecteurs.

L’ensemble a permis d’obtenir un résultat beaucoup plus satisfaisant Ce modèle a été essayé en moyenne Guinée, car ce voyage démarré à Kindia s’est poursuivi à Labé.

La cuisson solaire en Guinée

A Labé, la promotion des fours solaires est réalisée depuis plusieurs années par une association qui oeuvre en collaboration avec la Chambre d’Agriculture de Haute-Vienne. Une quinzaine de fours ont été réalisés et les femmes s’en servent quotidiennement pour préparer la plupart des plats de la cuisine traditionnelle, c’est à dire le riz, les sauces, les soupes, les gâteaux…L’AFPE (association des femmes pour la protection de l’environnement) qui est le correspondant principal, organise des formations dans d’autres villes de Moyenne Guinée. Le problème reste cependant toujours le coût du cuiseur… Notre four en carton a atteint une température de 130° pendant presque une heure, ce qui a permis de cuire du poisson, malgré le temps en partie couvert. Nous avons laissé ce four à Labé pour qu’il soit utilisé, amélioré et reproduit.

Mambia, l’animateur de l’APEK, et Diawo responsable de l’équipe de Labé, ont pu communiquer longuement sur leurs expériences, résultats, satisfactions et difficultés en matière de cuisson solaire, et échanger « leurs trucs ». La réussite technique de l’équipe de Labé montre que lorsque la motivation est forte, elle permet de passer outre les réticences liées au septicisme initial et au changement de pratiques nécessaires. L’amélioration des fours carton, et en particulier de leur étanchéité, pourrait permettre de les rendre abordables pour tous et donc de développer la cuisson solaire dans les pays d’Afrique de l’Ouest, avec des périodes d’utilisation plus ou moins importantes selon les conditions locales, sans l’apport de subventions étrangères. En effet, la plaque de verre achetée à Conakry a coûté 2 500 FG, et le papier d’alu, disponible sur le marché, revient pour un four de taille moyenne à environ 3 000 FG, soit un total de 1 euro ; pour une utilisation régulière, il faudrait cependant prévoir en plus un cadre en bois pour la vitre.

La diffusion des cuiseurs solaires en Guinée n’est pas encore un pari gagné. Mais les difficultés sont à mettre en balance avec les multiples inconvénients et dangers de la cuisson au bois. La Guinée n’a pas de pétrôle, mais elle a du soleil, et il ne reste plus qu’à trouver les idées pour adapter les procédés au contexte local !

Contacts : . Diawo Diallo 00224 60 5716 14 à l’ACA (Agence de Commercialisation agricole) de Labé . Monsieur Kaba 00224 60 34 71 67, au Musée national Sandervalia,Conakry . www.apek-agriculture-kindia.org

Martine KAMMERER